Spéciale Aix : vous reprendrez bien un peu de consulting ?
LE MENU DU JOUR — Trop plein de consultants aux ReAix : la goutte qui fait déborder la flûte ? — La French Tech retrouve des couleurs souveraines, et continue de réunionner dans sa bulle. — POLITICO met son grain de sel dans les festivités aixoises : municipales, poulpe mijoté et guests surprises au menu. Bonjour à […]
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Par PAUL DE VILLEPIN
Avec OCÉANE HERRERO, SOFIANE ZAIZOUNE et JASON WIELS
LE MENU DU JOUR |
— Trop plein de consultants aux ReAix : la goutte qui fait déborder la flûte ?
— La French Tech retrouve des couleurs souveraines, et continue de réunionner dans sa bulle.
— POLITICO met son grain de sel dans les festivités aixoises : municipales, poulpe mijoté et guests surprises au menu.
Bonjour à toutes et à tous, désormais parée de ses premières piqûres de moustiques et armée de son SPF50, l’équipe de Paris Influence est d’attaque pour cette deuxième journée aux Rencontres d’Aix. Suivez le guide !
Si vous l’avez raté hier : les traditionnels débats policés ont pris quelques degrés dès le premier jour, quand Jean-Noël Barrot a été interpellé par un membre du public lui reprochant le soutien de la France “à un gouvernement [ukrainien] fasciste et néonazi”. Inutile de dire que la saillie, qui fait écho à la propagande moscovite, a provoqué sifflets et vives protestations chez le reste de l’assistance. Et la colère du chef du Quai d’Orsay, appelant l’indigné du jour à “un peu de respect pour la résistance héroïque du peuple ukrainien contre l’envahisseur”.
QUE D’LA COM |
PASSION CONSULTANTS. Si certains bataillons de consultants n’arrivent que ce matin, les conseillers de l’ombre, lobbyistes et communicants en tout genre étaient déjà légion la veille, à s’agiter sous le soleil du parc Jourdan. Vos serviteurs ont tenu les comptes des forces en présence. Spoiler : il y a de quoi organiser un tournoi de foot l’année prochaine sur la pelouse centrale.
Trop, c’est trop ? Une omniprésence qui a le don d’irriter un brin côté organisateurs, lassés de voir leur nombre croître à chaque édition. Début mai, lors d’un traditionnel brief, les Rencontres avaient pourtant tenté de mettre le holà en incitant communicants et lobbyistes à être moins… encombrants. “Ils vous harcèlent, ils vous empêchent de travailler et se réservent toutes les places”, persifle un cadre des ReAix, cependant conscient qu’il est difficile de les empêcher de chasser, pardon, venir… puisque l’événement est public.
Réponse des loups à la bergère. “Il est marrant Jean-Hervé [Lorenzi, président des ReAix], mais en même temps, on lui présente des patrons”, s’agaçait le boss d’un cabinet de lobbying, lassé d’entendre cette petite musique qu’il a de toute façon choisi d’ignorer. “C’est nous qui lui ramenons son fric”, appuyait une directrice associée d’une boutique de com.
Havas a sorti l’armada : au moins 25 consultants pour accompagner une trentaine de clients (Veolia, CMA CGM, Morgan Stanley, Sanofi, l’Afep, Airbnb, etc.). Le géant et ses émissaires, que certains journalistes méprennent parfois pour les hôtes des Rencontres, au grand dam du Cercle des économistes, squattaient déjà hier soir une poignée de tables du café éphémère. Tandis que Stéphane Fouks, Mayada Boulos et Arielle Schwab distribuaient des invitations à leur soirée Havas&Friends de ce soir.
Récemment égratignée par La Lettre, et mal classée parmi les “agences qui murmurent à l’oreille du CAC 40”, l’agence de Puteaux peut néanmoins se targuer d’avoir tout récemment ravi à son rival historique Publicis, un contrat à plusieurs millions pour gérer le budget média paneuropéen de LVMH. “C’est une sorte de signal donné”, se réjouissait l’un de ses chefs à plume. “Ils vont faire feu de tout bois pour communiquer à chaque victoire, vous pouvez leur faire confiance pour ça”, théorisait un concurrent un verre de rosé à la main, hier soir.
Puisqu’on parle de Publicis : l’agence sera moins visible, mais Clément Léonarduzzi, resté à Paris, a tout de même envoyé six soldats, dont Catherine Mangin, Laurent Glépin et Matthieu Ellerbach, notamment pour épauler Ardian.
Autre gros, Taddeo a dépêché une dizaine de consultants pour ses clients Axa, Saint-Gobain, Casino, M6, ou encore OVH. Son numéro 1, Julien Vaulpré, creuse lui son sillon américain en multipliant les one-to-one avec les think tanks, dont l’Atlantic council et le très MAGA Heritage Foundation, afin d’avoir une longueur d’avance sur les droits de douane, avant le couperet du 9 juillet.
The perfect numbers. The Arcane bande aussi les muscles avec six consultants, dont Antoine Lévèque, qui accompagne à titre personnel son ex-patron Michel Barnier, pour 19 clients représentés (dont LCL, L’Oréal, Onepoint, Bain, Orange Business, Sopra Steria). La boîte de Marion Darrieutort — retenue en Angleterre pour la diplomation de son fils —, rivalise avec Vae Solis, venue également à six pour cornaquer une dizaine de clients, dont le Medef, Deloitte, Amundi et Latham&Watkins.
Un col blanc de moins chez Euros Agency, dont la délégation comporte cinq représentants pour sept clients, dont leur big boss, Mathieu Collet, et leur senior advisor star Olivier Dussopt.
Tout comme Image 7, dont les cinq consultants devront se démultiplier pour guider 22 clients sur place. La boutique d’Anne Méaux a déjà organisé sa soirée parisienne en début de semaine et ne remettra pas le couvert ici “puisqu’on finit tous par se croiser aux événements informels”, dixit l’un de ses cadres.
Contrairement à ESL Rivington, dont le patron aixois, Alexandre Medvedowsky, qui a ramené dans sa valise une quinzaine de subordonnés, tient un cocktail dînatoire ce soir, qui remplace dans le programme officieux la soirée Forward. Enfin, Edelman, est descendu à cinq et avec quatre clients (dont le Leem et Equans, filiale de Bouygues).
Chez Bona fidé : outre Robert Zarader, son président, qui participe à une table ronde sur les réseaux sociaux et le vote, l’agence — dont le Cercle des économistes est client — envoie sur place son DG, ses deux DGA et une escouade de trois consultants. L’Institut Bona Fidé y dévoilera notamment un sondage, mené pour la revue du Cercle, Mermoz, sur l’utilité de l’économie aux yeux des Français.
PRESQUE UN MIRAKL |
MERCI MR. PRESIDENT. C’est une French Tech en petit comité, mais ragaillardie que votre infolettre a retrouvée sur les bouillantes rues pavées. La raison de leur enthousiasme tient en deux mots et une casquette rougeaude : Donald Trump.
Couleurs souveraines. Alors que le petit groupe de représentants du secteur avait le moral dans les sandales lors de la précédente édition, en deuil de la “start-up nation” chère à Emmanuel Macron en prévision de la déconfiture des législatives, l’écosystème croit trouver aujourd’hui un nouveau souffle politique.
Mistral aixois. L’enjeu de la souveraineté numérique a enfin passé le mur du son politique pour devenir un enjeu assumé des gouvernants français. “Donald Trump nous a donné un bon coup de main sur ce front. Il est tellement agressif”, se gargarise un lobbyiste du secteur, heureux de voir le monde politique se ranger derrière des start-ups comme Mistral AI.
Vivons heureux… Le petit monde de la French Tech continuera de faire bande à part : après s’être réunie hier soir dans une trattoria du centre-ville, la commu se retrouvera ce matin pour un photo call autour de la ministre déléguée à l’IA et au Numérique. Clara Chappaz conviera demain plusieurs techos à un petit-déj en toute intimité à la Villa Saint-Ange. L’horaire risque de décevoir les oiseaux de nuit : 8h30.
APÉRO MUNICIPALES |
CLUSTER À GALLIFET. Notre conversation maison sur les municipales à l’hôtel de Galliffet a rassemblé près de 200 curieux, hier soir. Pour les analyses pointues de Jean-Yves Dormagen, sondagier en chef chez Cluster17, avec notre collègue Marion Solletty, bien sûr. Aussi pour une ou deux coupettes de champagne et le délicieux ragoût de poulpe, on ne va pas se mentir.
Spotted à la soirée. Le député EPR David Amiel … l’ancien ministre Olivier Dussopt reconverti dans le conseil … le patron de la région Paca Renaud Muselier … les ex-conseillers com Dimitri Lucas (à Bercy pour Le Maire) et Antoine Lévèque (à Matignon pour Barnier) … la patronne d’Havas Paris, Mayada Boulos … Jacques Le Pape et Edouard Vieillefond, président et DG de la Caisse centrale de réassurance … Melissa Bell, cheffe du bureau parisien de CNN.
Votre analyse de la soirée. Plusieurs invités ont trouvé ce modeste raout inaugural “très bien joué”. “Super que vous ayez votre événement, c’est la première fois non ?” Votre infolettre s’égare en lancer de fleurs, revenons…
… aux analyses de la soirée : “Dans les villes qu’on a sondées, cinq ou six listes sont parfois susceptibles de se qualifier au second tour. Cela crée une énorme incertitude”, a professé Jean-Yves Dormagen à son audience aixoise. Selon lui, le RN est sans doute “très sous-estimé dans les esprits aujourd’hui”. Un brouillard persistant lié à la volatilité des électeurs entre le bloc central et LR, et entre LR et le RN. A gauche, LFI serait à des niveaux “inhabituels” pour un scrutin local, avec des perspectives prometteuses “dans les grandes villes”.
OÙ TABLE-RONDER |
Si vous êtes plutôt actu internationale… vous trouverez votre bonheur à midi, où une brochette de grosses têtes de la géopo jugera de “la naissance de nouvelles alliances” (avec un représentant de la très trumpienne Heritage Foundation) … il faut dire qu’entre la Chine, les USA et la Russie, on pourra se demander s’il reste une place pour l’Europe ? autour de 16h … avant d’entendre, à 17h30, le ministre Sébastien Lecornu et l’ex-ministre Laurence Boone disserter sur une question plus agrégation que brevet des collèges : “quelles souverainetés dans un monde fragmenté ?”
Si vous êtes plutôt actu nationale… direction la session sur “une France irréconciliable ?”, où Michel Barnier (un trimestre cotisé à Matignon) dissertera avec Tony Estanguet (toujours pas ministre des Sports).
Si vous avez la fibre sociale… vous pouvez tenter de “remédier à la pauvreté” avec Patrice Drouet, le président (bénévole) des Restos du cœur. Ça coûte rien de poser la question…
Si vous voulez briller devant votre banquier… alors courez écouter cinq experts parler “IA et finance, un nouveau risque ?”, sous la baguette de notre directeur de la rédaction, Nicolas Barré.
CÔTÉ OFF |
DU RAB. Gare à l’embouteillage du vendredi, en plus des nombreuses agapes répertoriées hier, le cab de conseil Accuracy en partenariat avec l’agence de com Orson, organise ce soir un dîner à la Villa Saint-Ange.
SPOTTED |
La patronne des Ecologistes Marine Tondelier, non pas sous la clim, mais au fond du café éphémère, dans l’un des trois canapés abrités d’un parasol.
Christelle Morançais, présidente Horizons de la région Pays de la Loire, Vogue au bec, en grande discussion avec Patricia Barbizet de l’Afep.
Une journaliste de L’Opinion, écouteurs sur les oreilles, pour suivre la visio annonçant le rachat de son titre par Bernard Arnault (que nous avons révélé les premiers).
Le conseiller régional d’Ile-de-France Pierre Liscia, accréditation journaliste au cou, caméra au poing, en plein tournage. Probablement sur l’abaissement de la vitesse sur le périph ?
Jean-Louis Girodolle de Lazard, commandant un espresso au bar Nespresso et, bon prince, refusant le reçu, et donc la note de frais afférente.
LES PERLES |
“Ça me fait toujours drôle de voir tout ce beau monde en sandales. Sandales Vuitton, mais sandales quand même” … “Le vol d’un de mes contacts a été annulé. Elle vient en taxi. De Rome” … “Ah, y a un événement de je-sais-pas-quoi ?”, dixit un jeune Aixois dépité de se voir interdire l’entrée du parc Jourdan … “Ça sent le brûlé, non ? J’ai cru à une manif de taxi anti-Uber.”
Un grand merci à : notre éditeur Jason Wiels et Matthieu Verrier.