Une Bastille à Alger
Bonheur, au cours de ces dernières semaines, d’avoir vu Boualem Sansal retrouver ce bien qu’il n’aura cessé d’honorer depuis ses premiers livres. Admiration de le voir endosser de nouveau, comme s’il ne l’avait jamais perdu malgré les épreuves qui se sont abattues sur son indépendance, ce sourire si primesautier, si neuf, si candide en un sens que cet homme affichait avant qu’un régime d’autocrates-censeurs ne veuille le dépeindre en ennemi national.
Et de l’entendre, quand on l’interroge sur ses projets d’avenir, prononcer cette réponse stupéfiante d’insoumission sincère, et si sage derrière l’insouciance qu’elle feint d’afficher : « Je dois y retourner [en Algérie] car quand vous subissez une injustice, vous cherchez tout naturellement à obtenir réparation. Je n’ai pas besoin d’argent, même pas d’un nouveau procès. Juste le fait d’y aller et d’en ressortir. » Comme une ultime bravade à tous ceux qui, en France ou ailleurs, refusèrent de soutenir sa cause au motif qu’il avait insulté l’Algérie.

