« Le navire le plus meurtrier jamais construit » : c’est quoi ce Trump Class USS Defiant, ce nouvel appareil de la Marine américaine ?
Le monde se réarme et notamment en mer. La Chine a mis en service le mois dernier son troisième porte-avions, équipé d’un système de catapultes électromagnétiques. La France est, elle aussi, en train de renouveler sa flotte, en disant adieu au Charles-de-Gaulle. Les États-Unis entrent désormais dans la bataille en lançant le développement d’une nouvelle génération de navires de guerre. L’annonce a été faite hier par Donald Trump, qui a poussé le bouchon jusqu’à accoler son nom à cette catégorie d’appareils : « Trump class USS Defiant ». Nos explications.
Pourquoi l’Amérique a besoin de navires de guerre ?
Le monde se réarme et les États-Unis n’entendent pas rester sur le bas-côté. Pour l’heure, leur force de projection en mer est considérée comme sensiblement supérieure à celle de la Chine, mais Pékin a entrepris de solides efforts en la matière. Un quatrième porte-avions y serait en construction. Même si Donald Trump a assuré qu’il ne s’agissait pas d’une réponse à la Chine, tout le monde est en droit de penser le contraire.
? @POTUS: As Commander-in-Chief, it's my great honor to announce that I've approved a plan for the Navy to begin the construction of two brand new, very large battleships... They'll be the fastest, the biggest, and by far — 100x more powerful than any battleship ever built. pic.twitter.com/226O1UxOeS— Rapid Response 47 (@RapidResponse47) December 22, 2025
Le Congrès américain a voté une loi de défense d’un budget annuel de plus de 900 milliards de dollars, mais cette nouvelle génération d’appareils constituera surtout la pièce maîtresse du programme « Golden Fleet » (Flotte dorée), lancé par l’administration Trump il y a quelques semaines, et destiné à renforcer et transformer la marine américaine.
« Nous allons redonner toute sa grandeur aux groupes de combat, a promis John Phelan, le patron de la Marine. Le cuirassé USS Defiant inspirera respect et admiration pour le drapeau américain chaque fois qu’il fera escale dans un port étranger. Il sera une source de fierté pour tous les Américains. »
« Alors que nous façonnons l’avenir de la flotte de notre marine, nous avons besoin d’un navire de combat de surface plus important, et les cuirassés de la classe Trump répondent à cette exigence », a quant à lui déclaré via un communiqué le chef des opérations navales, l’amiral Daryl Caudle.
Deux navires seront tout d’abord construits mais Donald Trump ambitionne de pousser ce chiffre jusqu’à 10, voire plus, à long terme.
En quoi ces navires seront spéciaux ?
« Plus grands », « plus beaux », en définitive « les meilleurs de l’histoire du pays et du monde » : voilà comment Donald Trump a décrit ces engins qui coûteront chacun entre 10 et 15 milliards de dollars. Ils pèseront entre 30 000 et 40 000 tonnes, et seront équipés de missiles à ogives nucléaires et hypersoniques, de canons et de lasers. Ils pourront aussi porter des armes hypersoniques et nucléaires.
« Ce futur cuirassé sera le navire de guerre le plus grand, le plus meurtrier, le plus polyvalent et le plus impressionnant jamais construit, sillonnant tous les océans du monde », a assuré John Phelan.
Cette nouvelle génération constituera en effet plus du double de la taille des destroyers de classe Zumwalt (15 000 tonnes), et qui sont actuellement les plus grands navires de combat de surface de la flotte.
La description des armements donne le tournis : radar de recherche aérienne AN/SPY-6 ; 128 cellules de lancement vertical MK-41 ; 12 missiles hypersoniques à longue portée Conventional Prompt Strike ; canons de 127 mm. Tout en laissant la place à des ajouts futurs, comme des armes à énergie dirigée, des missiles de croisière à lancement maritime à ogive nucléaire et potentiellement un canon électromagnétique de 32 méga joules.
Comment les États-Unis vont-ils développer ces navires ?
L’Amérique dispose-t-elle d’une main-d’œuvre suffisante, et suffisamment qualifiée pour construire en si peu de temps (2 ans et demi) des bijoux de technologie et de précision ? Donald Trump a déclaré que les chantiers navals utiliseraient des robots. La base industrielle américaine n’a pas livré de cuirassé à la Marine depuis 1944, date à laquelle l’USS Missouri (BB-63), de 60 000 tonnes, a été remis à la Marine.
Dans la flotte actuelle, la classe Zumwalt, avec ses 15 000 tonnes, est le plus grand navire de combat de surface. La Marine avait proposé la construction d’un croiseur lance-missiles de 20 000 tonnes, le CG (X), mais l’administration Obama a annulé le programme en 2010 pour des raisons de coût et de calendrier. La Marine a alors opté pour la construction des Arleigh Burke de la version Flight III.
« Ce projet générera des emplois dans les chantiers navals de tout le pays, de Philadelphie à San Diego, du Maine au Mississippi, des Grands Lacs à la côte du golfe du Mexique, et pour les fabricants de composants de ce cuirassé dans chaque État », a éclairé le patron de la Marine.
Pourquoi Donald Trump a-t-il décidé d’y accoler son nom ?
Le président des États-Unis a souvent été moqué pour son habitude d’associer son nom à presque tout. Dernièrement, c’est un site de vente de médicaments qui a été lancé sous la « marque » Trump. Il semble toutefois que ce soit la première fois qu’une classe de navires de la Marine américaine soit nommée d’après un président américain en exercice. La Marine a souvent été critiquée par le passé pour avoir nommé des navires d’après des personnalités vivantes.
Le républicain a par ailleurs dit vouloir s’impliquer personnellement dans la conception des nouveaux bateaux. « Je suis une personne très portée sur l’esthétique », a-t-il justifié. Le président américain, dès son premier mandat, s’était intéressé de près au sujet de la construction navale, notamment pour critiquer l’aspect des récents bâtiments furtifs. Il a repris cette critique fin septembre, en parlant de bateaux « affreux ».
L’annonce vient au moment où l’opposition démocrate reproche déjà à Donald Trump une conception monarchique de la présidence, qui le voit mettre son nom sur des bâtiments publics, accrocher des portraits de lui-même à la Maison Blanche et envisager de frapper une pièce de monnaie commémorative à son effigie.

