« Il doit partir » : les États-Unis accentuent leur pression sur Nicolás Maduro, s’attirant les critiques de la Chine

« Il doit partir » : les États-Unis accentuent leur pression sur Nicolás Maduro, s’attirant les critiques de la Chine

Les opérations menées ces derniers jours par les États-Unis contre des pétroliers liés au Venezuela commencent à provoquer des remous bien au-delà des eaux caribéennes. Tandis que les garde-côtes américains poursuivaient encore un navire dans l’Atlantique, la Maison-Blanche a confirmé que ces saisies visaient explicitement à accroître la pression sur le président vénézuélien Nicolás Maduro, jusqu’à l’inciter à quitter le pouvoir.

La secrétaire à la Sécurité intérieure, Kristi Noem, l’a dit sans détour lors d’une interview télévisée : « Nous ne nous contentons pas d’intercepter ces navires, nous envoyons également un message au monde entier : les activités illégales auxquelles participe Maduro sont inacceptables, a-t-elle dit sur Fox News. Il doit partir. »

Une position également tenue par Donald Trump. « C’est à lui de décider ce qu’il veut faire, mais je pense que ce serait sage de sa part » , a déclaré le président américain, répondant à une question d’un journaliste lui demandant si l’objectif de Washington était de contraindre le dirigeant vénézuélien à quitter le pouvoir.

Samedi, les garde-côtes ont tenté d’intercepter le Bella 1, un tanker soupçonné de naviguer sans pavillon valide, ce qui le rendrait arraisonnable au regard du droit international. Le navire a refusé d’obtempérer. Les autorités américaines affirment disposer d’un mandat de saisie fondé sur des liens passés avec le commerce pétrolier iranien. Le même jour, un autre pétrolier, le Centuries, battant pavillon panaméen et récemment chargé de brut vénézuélien, a été arraisonné pour des vérifications administratives. Un troisième navire avait déjà été saisi début décembre et se trouve désormais dans un port texan.

La Chine au soutien du Venezuela

Les images diffusées par l’administration montrent des opérations musclées : hélicoptères militaires, équipes descendues en rappel et sécurisation aérienne, des méthodes déjà employées par le passé pour faire respecter des régimes de sanctions internationales. Mais cette fois, l’initiative est unilatérale, ce qui alimente les critiques.

La Chine, premier importateur de pétrole vénézuélien, a dénoncé une violation grave du droit international et des atteintes à la souveraineté des États concernés. Même si le brut vénézuélien ne représente officiellement qu’une part limitée des importations chinoises, Pékin y voit un enjeu politique, à un moment où Washington cherche à préserver un dialogue diplomatique avec le président Xi Jinping. Au Brésil, le président Lula a également mis en garde contre toute escalade, évoquant le risque d’une catastrophe humanitaire en cas de confrontation armée.

À Caracas, Nicolás Maduro a saisi les Nations unies, accusant les États-Unis de mener des actes assimilables à de la piraterie et de menacer l’équilibre des marchés énergétiques mondiaux. Un débat d’urgence doit se tenir au Conseil de sécurité. Son gouvernement souligne parallèlement que certaines exportations, notamment vers les États-Unis via le groupe Chevron, continuent dans le respect des règles en vigueur.

Maduro : « Que chacun s’occupe de son pays ! »

Dans les rues de ce pays d’Amérique du Sud, des manifestants ont dénoncé l’impérialisme américain. Déguisés en pirates, des dizaines de motards ont parcouru Caracas ce lundi pour protester contre la saisie de navires. « Nous sommes venus pour répudier le plus grand pirate des Caraïbes », a affirmé l’un des participants, Manuel Rincon. Dans le cortège, on pouvait voir des pancartes avec des phrases en anglais comme « no war, yes peace » (« non à la guerre, oui à la paix »), ou le visage du président Trump déguisé en pirate.Des motards vénézuéliens ont protesté dans les rues de Caracas contre l'intervention américaine. (Photo Pedro MATTEY / AFP)

« Ils nous envahissent, ils prennent ce qui est à nous et l’emportent là-bas. Nous sommes un pays de paix, mais nous sommes prêts pour la guerre », a affirmé Luis Rojas, un conducteur handicapé. « Nous soutenons le processus révolutionnaire et personne ne nous l’enlèvera », a-t-il ajouté.

Le président vénézuélien Nicolás Maduro a quant à lui estimé lundi soir que son homologue américain Donald Trump « s’en sortirait mieux » s’il se concentrait davantage sur les États-Unis que sur le Venezuela. « Le président Trump pourrait faire mieux dans son pays et dans le monde, a lancé le leader vénézuélien dans un discours diffusé à la télévision publique. Il s’en sortirait mieux dans son propre pays sur les questions économiques et sociales, et mieux dans le monde s’il s’occupait des affaires de son pays. Il n’est pas possible qu’il consacre 70 % de ses discours et déclarations, de son temps, au Venezuela. Et les États-Unis ? Et les pauvres États-Unis, qui ont besoin de logements et des emplois qu’il faut créer ? Que chacun s’occupe de son pays ! »