Honduras : Nasry Asfura, soutenu par Donald Trump, élu président malgré des soupçons de corruption

Honduras : Nasry Asfura, soutenu par Donald Trump, élu président malgré des soupçons de corruption

Le chef d’entreprise de droite Nasry Asfura, futur président du Honduras, est issu d’un parti dont provient un ancien président emprisonné aux Etats-Unis pour trafic de drogue, mais cela ne l’a pas empêché d’être choisi par Donald Trump comme un « allié » contre les « narco-communistes ».

Sa victoire, proclamée mercredi par l’autorité électorale trois semaines après le scrutin et un ultime recomptage, marque le retour de la droite au pouvoir dans le pays d’Amérique centrale. Asfura a été soutenu par le président américain, qui a appelé à voter pour lui.

« Le seul véritable ami de la liberté au Honduras est Tito Asfura (...) nous pouvons travailler ensemble pour lutter contre les narco-communistes », a déclaré Trump, l’appelant par son surnom.

« Sauver la démocratie »

Nasry Asfura ramène le Parti national (PN) aux affaires, après avoir battu la candidate de gauche du parti au pouvoir Rixi Moncada, et le présentateur télé Salvador Nasralla, candidat malheureux pour une troisième fois. Donald Trump qualifiait Moncada de « communiste » et Nasralla de « presque communiste ».

Pendant la campagne, Nasry Asfura, entrepreneur des travaux publics âgé de 67 ans, a centré son discours sur la promesse de « sauver la démocratie ». « C’est aujourd’hui ou jamais », a-t-il répété.

Il assure diriger un parti « renouvelé » et a tenté de se démarquer de l’ancien président Juan Orlando Hernandez (2014-2022), qui purge une peine de 45 ans de prison aux Etats-Unis. « Chacun répond de ses actes. Un parti n’est pas coupable des actes des individus », a-t-il déclaré.

Mais là encore, Donald Trump a volé à son secours, annonçant gracier Orlando Hernandez. Il a même affirmé que « s’il (Asfura) ne remporte pas les élections, les Etats-Unis ne gaspilleront pas leur argent ».

« Papi à votre service ! »

Nasry Asfura accède à la présidence lors de sa deuxième tentative, après avoir perdu face à l’actuelle dirigeante de gauche Xiomara Castro en 2021.

Après des études inachevées en génie civil à l’Université nationale, il a fondé son entreprise de construction, aujourd’hui l’une des plus importantes du pays. Fils d’immigrants palestiniens, il est né le 8 juin 1958 à Tegucigalpa, dont il a été maire pendant deux mandats (2014-2022), années durant lesquelles il a construit moult ponts et tunnels pour désengorger la chaotique capitale.

Mais son parcours entrepreneurial et politique est entaché de soupçons de corruption. Accusé de détournement présumé de fonds municipaux, la Cour suprême a cependant décidé de ne pas renvoyer l’affaire en justice.

« Pandora papers »

Son nom est également apparu dans la liste des « Pandora papers », vaste enquête journalistique accusant plusieurs centaines de personnalités d’avoir dissimulé des avoirs dans des sociétés offshore, mais là encore, aucune enquête n’a débouché sur des poursuites. « Je ne dois rien, je ne crains rien. Je n’ai rien à cacher », affirme-t-il.

Moustache fine, cheveux grisonnants, Nasry Asfura a la réputation d’être un besogneux et un homme de peu de mots. Il promet « du travail » aux Honduriens par le développement des infrastructures du pays et l’attraction d’investisseurs. Il a également exprimé sa volonté de rapprocher le Honduras de Taïwan, après que Xiomara Castro a établi des relations avec la Chine en 2023.

Tenue décontractée, chemise bleue et blue jeans, il ponctue ses saluts à ses supporters de la rengaine « Papi (son autre surnom) à votre service! » Passionné de musique, il dit être « allergique » aux smartphones. Marié à Lissette del Cid, ils ont trois filles et trois petits-enfants.