États-Unis : l’immigré salvadorien Kilmar Abrego Garcia est sorti du centre de rétention, sa détention jugée illégale

États-Unis : l’immigré salvadorien Kilmar Abrego Garcia est sorti du centre de rétention, sa détention jugée illégale

« L’histoire de l’affaire Abrego Garcia est aussi connue qu’extraordinaire ». C’est la justice américaine qui l’écrit dans une longue ordonnance de 31 pages rendue jeudi 11 décembre. Car s’il y a bien une vie que la politique de Donald Trump a récemment chamboulée, c’est celle de Kilmar Abrego Garcia.

Cet homme de 31 ans, d’origine salvadorienne, bénéficiant aux États-Unis depuis d’un statut de protection depuis 2019, vit un enfer depuis qu’il a été expulsé vers le Salvador le 15 mars dernier, en raison d’une « erreur administrative ». Il est depuis instrumentalisé dans la grande bataille que la Maison Blanche a promis de mener contre l’immigration clandestine.

Jeudi, Abrego Garcia a pu quitter le centre de rétention en Pennsylvanie où il était enfermé depuis près de trois mois. La juge de district Paula Xinis lui a accordé l’habeas corpus, une liberté fondamentale aux États-Unis et dans les pays de « common law », destinée à lutter contre les arrestations arbitraires, et qui pose comme principe qu’une personne ne peut être arrêtée si elle ignore de quoi elle est accusée. « Depuis la détention illégale d’Abrego Garcia au Salvador, il a été de nouveau détenu, à nouveau sans autorisation légale », a-t-elle tranché.

« Nous espérons que cela marque un tournant pour M. Abrego Garcia, qui a enduré plus que quiconque ne devrait jamais avoir à endurer », a déclaré son avocat, Me Sandoval-Moshenberg. « Pour l’instant, il s’agit d’une victoire extraordinaire pour notre client et pour le respect de la procédure » mais « notre priorité est d’assurer la libération en toute sécurité de M. Abrego Garcia et le maintien de son accès aux protections que lui garantit la loi. »

« Un activisme judiciaire flagrant »

Ce n’est pas la première fois que la justice américaine tranche en faveur de Kilmar : ses avocats ont gagné tous leurs recours. Mais au mépris des injonctions des juges, y compris celles de la Cour suprême, l’administration Trump a systématiquement répondu par la surenchère.

Après avoir été envoyé à la méga-prison CECOT du Salvador avec des membres du redoutable gang criminel MS-13, il a été rapatrié aux États-Unis en juin non pour retrouver sa famille mais pour répondre d’accusations de trafic d’êtres humains dans le Tennessee.

Puis, après des semaines de transferts ici et là, Kilmar a été assigné à résidence chez son frère dans le Maryland fin août. Convoqué trois jours plus tard par l’lmmigration and Customs Enforcement, la fameuse ICE, la police de l’immigration, il a immédiatement été placé en rétention et menacé d’être envoyé en Ouganda, ou au Costa Rica s’il reconnaissait avoir fait passer des clandestins. Ont ensuite été annoncés l’Eswatini (ex-Swaziland), le Ghana, et le Liberia le mois dernier.

Dans un message publié sur les réseaux sociaux jeudi, Tricia McLaughlin, porte-parole du département de la Sécurité intérieure, dénonce la décision de la juge Xinis : « Il s’agit d’un activisme judiciaire flagrant de la part d’un juge nommé par Obama. Cette ordonnance est dépourvue de tout fondement juridique valable et nous continuerons à la combattre avec acharnement devant les tribunaux. »

Abrego Garcia est convoqué ce vendredi au bureau de l’ICE à Baltimore.