« Ceux que les États-Unis ne veulent pas sur le territoire » : pourquoi Washington expulse des migrants vers le Kosovo

« Ceux que les États-Unis ne veulent pas sur le territoire » : pourquoi Washington expulse des migrants vers le Kosovo

Des migrants refusés par les États-Unis… désormais au Kosovo. Des ressortissants de pays tiers expulsés par Washington sont arrivés au Kosovo, a annoncé le Premier ministre Albin Kurti, en difficulté sur un plan intérieur et avec son traditionnel allié américain.

Au détour d’une longue interview sur une chaîne locale jeudi soir, Albin Kurti a confié que le Kosovo acceptait « ceux que les États-Unis ne veulent pas sur le territoire ». « Si je ne me trompe pas, un ou deux d’entre eux sont là », a-t-il dit, sans plus de précisions sur la date de leur arrivée, leur nationalité, ou l’endroit où ils se trouvent.

« Une personne est arrivée en République du Kosovo et s’est vue accorder une protection temporaire, conformément à la législation en vigueur », a pour sa part indiqué le ministère de l’Intérieur du Kosovo à l’agence américaine Associated Press.

Un accord pour cinquante personnes

Leur expulsion se fait en vertu d’un accord, adopté lors d’une session du gouvernement kosovar sortant en juin, donné pour un an et qui porte sur cinquante personnes. « Dans le but de faciliter leur retour en toute sécurité dans leur pays d’origine », avait à l’époque affirmé Albin Kurti.

Le Kosovo, pays parmi les plus pauvres d’Europe, indépendant depuis 2008, souhaitait par cet accord exprimer sa gratitude envers les États-Unis pour leur soutien et leur coopération. Il s’agit d’une façon de montrer la « reconnaissance éternelle » du pays envers les États-Unis, qui ont toujours défendu l’indépendance de cette ancienne province serbe, avait expliqué le gouvernement au printemps.

Le peuple le plus pro américain du monde

Depuis, Albin Kurti, arrivé en tête aux élections législatives en février, a échoué à former un gouvernement et été contraint d’accepter de nouvelles élections. Le scrutin est prévu le 28 décembre. La situation, et la politique d’Albin Kurti envers la minorité serbe, lui a valu des mots durs des Américains, qui l’ont accusé il y a quelques jours de « compromettre la stabilité » du pays en empêchant un parti politique serbe de se présenter aux élections de décembre.

Un ton qui tranche avec des années de soutien de Washington. Les Kosovars se décrivent volontiers comme le peuple le plus pro américain du monde, et les drapeaux américains sont partout dans la capitale, Pristina. L’un des plus grands boulevards de la ville honore l’ex-président George W. Bush. Bill Clinton y a aussi un boulevard, et une statue.

La popularité des États-Unis se double d’une influence économique et politique considérable. Avant l’accord avec Washington, le Kosovo avait déjà ratifié un accord à hauteur de 200 millions d’euros avec Copenhague pour l’accueil de prisonniers étrangers condamnés au Danemark, et qui pourront purger leur peine dans une prison kosovare.

Les Balkans, terre d’accueil ?

Les Balkans sont de plus en plus envisagés par les pays occidentaux pour y renvoyer des personnes dont la demande d’asile aurait été rejetée et faisant face à une obligation de quitter le territoire. Lundi, les 27 pays de l’Union européenne ont entériné un net durcissement de leur politique migratoire, ouvrant notamment la voie à l’envoi de migrants dans des centres situés hors des frontières de l’UE et les Balkans semblent possiblement visés.

L’Albanie héberge déjà des centres de retour pour les migrants arrivant d’Italie, qui n’ont accueilli cependant que quelques dizaines de personnes : plusieurs décisions de tribunaux italiens ont remis en cause la légalité de ces détentions.