Affaire Epstein : Donald Trump a voyagé à huit reprises dans le jet privé du financier, au-delà de ce qu’avaient établi les enquêteurs

Affaire Epstein : Donald Trump a voyagé à huit reprises dans le jet privé du financier, au-delà de ce qu’avaient établi les enquêteurs

Une lettre obscène, des courriels d’enquêteurs et des documents largement caviardés : le nouveau lot de documents sur l’affaire Epstein dévoilé mardi par le gouvernement américain donne un aperçu des relations qui le liaient à Donald Trump.

Le président républicain a fréquenté ce richissime financier new-yorkais accusé d’avoir exploité sexuellement plus de mille jeunes femmes dont des mineures, puis a coupé les ponts, dit-il, avant que Jeffrey Epstein ne soit inquiété par la justice.

L’un des documents les plus notables sur la relation entre les deux hommes est un courriel écrit en janvier 2020 par un membre du bureau du procureur de New York, qui prépare alors le procès de Ghislaine Maxwell, l’ancienne compagne et complice de Jeffrey Epstein.

Trump dans le jet privé d’Epstein

Il évoque des registres de vol montrant que le président républicain a effectué huit voyages dans le jet privé du financier entre 1993 et 1996, davantage que ce dont les enquêteurs avaient alors connaissance. Ce courriel précise par ailleurs que Ghislaine Maxwell, seule condamnée dans cette affaire et qui purge aujourd’hui une peine de vingt ans de prison, était à bord d’au moins quatre de ces vols.

Il décrit également un vol au cours duquel les seuls passagers étaient le financier, Donald Trump et une personne de 20 ans non identifiée, ainsi que deux autres vols impliquant des femmes qui « pourraient servir de témoins » dans le procès de Ghislaine Maxwell.

Figure également dans le lot une lettre manuscrite obscène et glaçante, apparemment écrite par Jeffrey Epstein à Larry Nassar, ex-médecin de l’équipe américaine de gymnastique condamné à la prison à vie pour des centaines d’agressions sexuelles, dans laquelle est évoqué Donald Trump.

Un document obscène contesté

Ce courrier aurait été envoyé sous le premier mandat du républicain, en août 2019, le mois où le financier est mort dans sa cellule, d’un suicide selon les autorités. « Notre président partage aussi notre amour des jeunes filles nubiles », peut-on y lire. « Quand une jeune beauté passait devant lui, il adorait attraper (sa) chatte », poursuit la lettre attribuée à l’ancien homme d’affaires. Le gouvernement a contesté l’authenticité du document. « Le FBI a confirmé que cette prétendue lettre (…) était FAUSSE », a déclaré sur X le ministère de la Justice.

La police fédérale est, selon le ministère, arrivée à cette conclusion après avoir notamment constaté que l’écriture ne semblait pas correspondre à celle de Jeffrey Epstein et que le courrier avait été traité trois jours après la mort de ce dernier, alors détenu dans l’attente de son procès.

D’autres fichiers documentent une requête adressée en 2021 par les procureurs au club Mar-a-Lago, que possède Donald Trump en Floride, les autorités cherchant alors à récupérer des documents pouvant être potentiellement utiles à la procédure judiciaire menée contre la complice de Jeffrey Epstein.

Dix « complices »

D’autres documents dévoilés décrivent des témoignages reçus par le FBI lors de son enquête. L’un d’entre eux, dont rien ne dit qu’il a été corroboré, mentionne une fête « pour prostituées » qui semble avoir été organisée en 2000 à Mar-a-Lago.

Certaines des pièces publiées contiennent des affirmations « fausses et sensationnalistes », a alerté mardi le ministère de la Justice. « Si elles avaient la moindre crédibilité, elles auraient déjà été utilisées » contre Donald Trump, assure le ministère, qui publie tous ces documents sous la contrainte d’une loi votée au Congrès.

Une autre pièce saillante est un échange de courriers électroniques en 2019 entre agents du FBI évoquant l’existence de dix « complices » présumés de Jeffrey Epstein aux États-Unis.

Ces documents font aussi apparaître une correspondance entre un homme semblant être l’ex-prince Andrew et Ghislaine Maxwell, datant de 2001 et 2002 et envoyée depuis un compte utilisant le pseudonyme « The Invisible Man » et signé « A ».

Dans un message d’août 2001, l’auteur indique qu’il séjourne à Balmoral, la résidence d’été de la famille royale britannique en Écosse, et demande à Maxwell : « M’as-tu trouvé de nouveaux amis inappropriés ? ». Même si l’auteur du message n’est pas nommé, d’autres indices semblent renvoyer vers l’ancien prince, privé en octobre de son titre royal pour ses liens avec Jeffrey Epstein.